Galeries et marques de décoration haut de gamme franchissent un nouveau cap en associant leurs créations physiques à des jumeaux numériques NFT. Cette convergence entre artisanat traditionnel et blockchain promet de révolutionner l'authentification et l'expérience client dans le secteur du design.
Le monde du mobilier et de la décoration explore une voie inédite : associer chaque pièce physique à un token non-fongible certifiant son authenticité. Cette approche phygitale – fusion de « physique » et « digital » – dépasse le simple effet de mode pour répondre à des enjeux concrets de traçabilité et de lutte contre la contrefaçon.
Les créations concernées vont du fauteuil d'édition limitée aux luminaires design, en passant par les sculptures décoratives. Chaque objet se voit attribuer un certificat numérique infalsifiable sur blockchain, contenant métadonnées détaillées, historique de propriété et modèles 3D permettant une visualisation en réalité augmentée.
Une expérience enrichie pour les collectionneurs
Au-delà de l'authentification, ces NFT ouvrent l'accès à des contenus exclusifs : vidéos du processus de fabrication, invitations à des événements privés avec les designers, ou encore participation à des communautés de collectionneurs. La réalité augmentée permet notamment de visualiser l'objet dans son intérieur avant l'achat, une fonctionnalité particulièrement appréciée pour le mobilier haut de gamme.
La blockchain offre une traçabilité inégalée, tout en créant de nouveaux modèles économiques avec les royalties perpétuelles pour les créateurs
Cette innovation présente également un avantage économique pour les designers : les smart contracts leur assurent automatiquement des royalties – généralement entre 2 et 10% – lors des reventes sur le marché secondaire. Un changement de paradigme pour un secteur où la plus-value échappait traditionnellement aux créateurs.
Des défis technologiques et culturels persistants
Malgré son potentiel, l'approche phygitale se heurte encore à plusieurs obstacles. La complexité technique reste un frein majeur pour le grand public, peu familier des wallets cryptographiques et des frais de transaction. Les marques qui se lancent privilégient désormais les blockchains éco-responsables comme Polygon ou Tezos, après les controverses sur l'empreinte carbone d'Ethereum.
Le secteur traverse actuellement une phase de maturation après l'effervescence spéculative de 2021-2022. Les acteurs du design se concentrent désormais sur la création de valeur d'usage réelle plutôt que sur l'effet d'annonce. Les projets pilotes se multiplient, testant des éditions limitées auprès de clientèles early adopters avant un déploiement plus large.
L'enjeu pour les marques établies reste l'éducation de leur clientèle traditionnelle, souvent sceptique face à cette innovation. La réussite des collections phygitales dépendra de leur capacité à intégrer la technologie de manière organique, en faisant oublier la complexité technique au profit de bénéfices tangibles : garantie d'authenticité inviolable, expérience client enrichie et valorisation patrimoniale des pièces acquises.
En bref
Les collections phygitales associent objets design physiques et NFT pour certifier l'authenticité via blockchain. Cette innovation offre traçabilité inviolable, expériences en réalité augmentée et contenus exclusifs aux collectionneurs. Après la correction du marché NFT, le secteur mise sur la valeur d'usage réelle et privilégie les blockchains éco-responsables. Le succès dépendra de l'accessibilité technologique et de l'éducation d'une clientèle encore sceptique.
Sources : Analyse de l'écosystème NFT dans les industries créatives, Tendances phygitales dans le luxe et le design, Principes technologiques blockchain et réalité augmentée
